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Femmes en Sciences - balado avec Dre Susan Nadin-Davis

Ne soyez pas intimidées par les sciences. Je crois que tout le monde doit s'efforcer d'éviter les stéréotypes et que chacun de nous devrait pouvoir réaliser ses rêves et faire ce qu'il veut faire.

Dre Susan Nadin-Davis - Chercheure scientifique, Laboratoire d'Ottawa

En tant que chercheure scientifique, Susan développe des tests pour les bactéries et les virus. Son travail au Laboratoire d'Ottawa (Fallowfield) aide à réduire l'impact des maladies, comme la rage, sur les populations animales et limite le risque de propagation aux populations humaines.

Dre Susan Nadin-Davis – Transcription audio

Aujourd'hui, nous discutons avec Susan Nadin-Davis, une chercheure scientifique au Laboratoire d'Ottawa de l'ACIA. Merci de vous joindre à nous aujourd'hui pour discuter de votre rôle à l'ACIA et nous faire part de votre passion pour les sciences.

Je suis heureuse de m'entretenir avec vous aujourd'hui.

Susan, j'ai eu l'occasion de passer en revue votre curriculum vitæ et biographie, et vous êtes manifestement une scientifique très accomplie. Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre rôle en tant que chercheure scientifique à l'ACIA?

Oui, bien sûr. En tant que chercheure scientifique spécialisée en santé animale, mon rôle principal est de mettre au point de nouvelles épreuves améliorées pour la détection des bactéries et des virus qui touchent l'ensemble de l'industrie canadienne de l'élevage.

Une bonne partie de mon travail consiste à effectuer le séquençage des gènes ou même de génomes entiers de diverses bactéries; celles-ci peuvent comprendre Salmonella, Campylobacter, Brucella et plusieurs autres bactéries ainsi qu'un certain nombre de virus. À l'aide de ces données sur les séquences, je suis en mesure d'élaborer des méthodes fondées sur une technique qui est mieux connue sous le nom de « réaction en chaîne de la polymérase » ou « PCR » dans le domaine des sciences. Cette technique permet d'accentuer de façon très sélective des portions précises d'un génome pour qu'elles soient facilement détectables.

Une des maladies sur lesquelles j'ai travaillé durant de nombreuses années est la rage. Dans le cadre de mes travaux ici, j'ai élaboré une base de données exhaustive sur les diverses variantes de ce virus qui est véhiculé par les différentes espèces d'animaux sauvages. Ces données nous renseignent sur la source de l'infection chez un animal domestique, ce qui est très important pour déterminer la source des épidémies de rage.

Je crois pouvoir affirmer en toute confiance que la plupart des Canadiens connaissent la rage, alors il va sans dire que vos travaux sur la rage sont certainement très précieux et utiles à la population canadienne, mais savez-vous de quelle autre façon vos travaux peuvent l'aider?

Et bien bon nombre des organismes sur lesquels portent mes travaux sont zoonotiques, c'est-à-dire qu'ils peuvent infecter à la fois les animaux et l'être humain. L'amélioration de nos capacités d'analyse pour le dépistage d'un certain nombre de maladies animales, comme la salmonellose, la rage, et cetera, permet non seulement d'aider à réduire les répercussions de ces maladies sur les populations animales, mais aussi de limiter les risques de transmission chez l'être humain.

En ce qui concerne votre formation scientifique, vous avez mentionné que vous avez étudié la biologie et la microbiologie. Quand avez-vous su que vous vouliez travailler dans le domaine des sciences?

Je pense à un âge relativement jeune. J'ai grandi dans une ville côtière au nord du pays de Galles, et le fait de vivre juste à côté de la mer a, très tôt, éveillé naturellement en moi un intérêt pour la mer et ses créatures. Lorsque j'étais jeune, je me rendais à la plage pour y trouver des crabes ou des créatures intéressantes dans des bassins rocheux exposés à marée basse. De plus, j'ai toujours aimé les sciences à l'école, surtout la biologie. Je pense que j'ai eu de la chance d'avoir eu une excellente enseignante en biologie au niveau secondaire qui m'a vraiment encouragée à faire carrière en sciences biologiques. Je pense que c'était en grande partie grâce à elle que j'ai décidé de m'inscrire à l'Université de Cambridge où ma carrière en sciences a réellement démarré.

Croyez-vous que la biologie était votre seule option d'étude ou avez-vous envisagé d'autres options pour vos études en sciences?

Je pense que la biologie a toujours été ma principale passion scientifique. Je veux dire, bien entendu, j'ai étudié toutes les sciences à l'école : chimie, physique, mathématiques, biologie, et cetera. En fait, lorsque j'ai commencé mon baccalauréat à l'Université de Cambridge, j'ai dû, comme tout le monde, suivre l'ensemble des cours relatifs aux principaux sujets scientifiques. C'est au cours des années suivantes que j'ai commencé à me spécialiser davantage dans des domaines d'intérêt particulier. À mesure que je progressais dans mes études universitaires de premier cycle, je me suis sentie de plus en plus attirée par des sujets comme la physiologie, la pharmacologie et plus particulièrement la biochimie. Cela m'a donc conduit à faire des études supérieures à la maîtrise et au doctorat en biochimie dans des universités canadiennes.

En vous parlant, j'ai vraiment l'impression de comprendre votre passion pour les sciences, et comme vous l'avez mentionné, vous travaillez dans le domaine depuis 30 ans. Qu'aimez-vous de la science?

Je crois que ce qui me stimule, c'est le fait que notre compréhension du monde biologique ne cesse d'évoluer et de s'améliorer. Au cours de l'évolution, de nombreux organismes ont évolué pour s'adapter à une niche écologique précise, et nous commençons vraiment tout juste à comprendre les liens très complexes qui existent entre les différents habitats.

Dans mon domaine également, je me demande toujours comment ces choses aussi simples que sont les virus, et qui ne possèdent qu'une poignée de gènes, peuvent causer des maladies aussi dévastatrices, comme chez les hôtes que le virus de la rage parasite, et quels sont les mécanismes responsables au niveau moléculaire. En ce moment, je pense qu'il s'agit d'une période passionnante pour faire partie des sciences biologiques, car nos technologies évoluent tellement rapidement. On observe une grande amélioration de la capacité de séquençage de l'ADN à l'heure actuelle. En tant que scientifique, j'apprends constamment de nouvelles méthodes et techniques. Selon moi, on ne s'ennuie jamais en sciences. Vous êtes toujours en présence de défis nouveaux et différents.

Nous savons que vous avez commencé à cultiver une passion pour les sciences lorsque vous étiez enfant aux pays de Galles et que vous avez eu l'occasion de mener des études sur de différentes espèces dans divers milieux. Selon vous, quel serait le fait scientifique le plus génial?

Je dirais le fait que tous les organismes sur Terre, malgré la grande diversité, reposent sur le dogme central de la biologie moléculaire. Essentiellement, il a été établi que l'information génétique est contenue dans l'ADN, qui est converti en une molécule associée que nous appelons l'ARN. L'ARN oriente ensuite la synthèse des protéines, qui sont responsables de la formation et de la création des composantes pour l'ensemble des cellules et des tissus du corps. Tous les organismes ont recours à au moins une partie de ce processus de transfert de l'information, et je pense que ce concept indique clairement que toute forme de vie sur Terre a évolué depuis la même source générale. Toutefois, ce processus est un peu plus simplifié chez certains organismes.

Quel type de percée scientifique espérez-vous voir au cours des cinq prochaines années?

Je souhaite réellement une percée dans le domaine des énergies renouvelables qui nous permettra de cesser l'utilisation de combustibles fossiles le plus tôt possible. Les changements climatiques ne sont plus une théorie, mais un fait établi assurément, et l'activité humaine est sans contredit l'un des principaux facteurs déterminants de ces changements. Les changements climatiques ont d'énormes répercussions négatives sur de nombreux végétaux et espèces animales partout dans le monde.

Mais même plus près de chez nous, la tendance au réchauffement dans le Nord du Canada entraîne d'importantes répercussions qui prennent parfois des tournures inattendues et surprenantes. Par exemple, nous savons que les renards roux sont responsables du déplacement des renards arctiques dans de nombreuses régions nordiques, car l'aire de répartition des renards roux s'étend de plus en plus vers le nord. Les renards arctiques continuent d'être porteurs de la rage, mais nous savons que le renard roux est également un hôte permissif de ce virus. Bon nombre d'entre nous qui menons des travaux sur la rage se demandent si ce changement démographique des populations de renards accroîtra les risques de propagation de la maladie vers le sud uniquement à cause de l'agrandissement de l'aire de répartition du renard roux dans une bonne partie de l'Amérique du Nord.

À l'évidence, comme vous le dites, nous sommes très chanceux d'être à une époque où les gens sont conscients des défis que présente le réchauffement climatique et tentent de trouver de nouvelles solutions pour lutter contre celui-ci. Cela dit, vous savez, nous devons nous tourner vers l'avenir et nourrir des espoirs concernant l'avenir. Que diriez-vous aux jeunes filles et aux jeunes femmes pour les encourager à choisir les sciences et à contribuer à changer les choses?

Je leur dirais, d'abord et avant tout : « Ne soyez pas intimidées par les sciences ». Je crois que tout le monde doit s'efforcer d'éviter les stéréotypes et que chacun de nous devrait pouvoir réaliser ses rêves et faire ce qu'il veut faire. En fait, je pense que dès qu'on leur donne la chance, les filles réussissent souvent aussi bien, ou parfois même mieux, à comprendre les théories scientifiques et à les mettre en pratique que les garçons.

Je pense qu'il vaut la peine de mentionner que l'été dernier, j'ai assisté à une réunion de l'American Society for Cell Biology, qui est un événement annuel où les plus récentes avancées scientifiques concernant l'étude des virus sont présentées, et il était très apparent que de nombreux discours principaux ont été donnés par des femmes. J'ai été vraiment impressionnée par une présentation en particulier; elle a été donnée par une femme, Agbandje-McKenna, qui a fait le récit de sa vie. C'était très fascinant. Elle a grandi dans une famille pauvre dans un petit village nigérian, mais grâce au travail acharné et à ses études, elle est devenue aujourd'hui une scientifique réputée ainsi que directrice du Centre for Structural Biology de l'Université de la Floride. Je pense que son expérience démontre que si vous êtes prêts à travailler fort et à persévérer, tout est possible!

Et bien, je pense que vous en êtes probablement un très bon exemple aussi. J'aimerais vous remercier d'avoir été des nôtres aujourd'hui et de nous avoir fait part de renseignements sur votre carrière ainsi que des raisons pour lesquelles vous aimez la science. Sans aucun doute, je pense que tous seront d'accord pour dire que vous avez une passion réelle pour la science. J'espère que vous propos pourront inciter les jeunes filles à poursuivre une carrière en sciences également.

Je vous remercie grandement de m'avoir donné l'occasion de discuter avec vous aujourd'hui. J'espère sincèrement que mes quelques paroles de sagesse encourageront les jeunes filles à prendre part à la science.

Merci.

Merci.

[Fin de l'enregistrement]

Femmes en sciences – Dre Susan Nadin-Davis

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