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Archivée - La résistance antimicrobienne

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Depuis leur introduction, il y a plus de 60 ans, les antimicrobiens ont révolutionné l’exercice de la médecine et de la médecine vétérinaire. Utilisés de façon appropriée, les antimicrobiens, y compris les antibiotiques, les antifongiques et les antiviraux, continuent de jouer un rôle important pour la santé des humains et des animaux. Ils atténuent la souffrance et aident les agriculteurs à élever des animaux en santé, qui en retour produisent de la viande, du lait et des œufs salubres aux fins de consommation humaine. Ils sont également des outils essentiels dans la médecine humaine.

Cependant, le mauvais usage des antimicrobiens, tant pour la santé humaine qu'animale, contribue au développement de bactéries résistantes, posant ainsi un risque pour les personnes et les animaux.

L’utilisation des antimicrobiens est un problème multifactoriel complexe qui nécessite une collaboration étroite entre les vétérinaires et les professionnels de la santé publique et les propriétaires d’animaux afin de trouver des solutions du point de vue de la santé tant animale qu’humaine.

Plus tôt cette année, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) a désigné la lutte contre la résistance aux antimicrobiens comme l’une de ses priorités en 2012. L’OIE se fait également le défenseur d’un bon contrôle vétérinaire de l’homologation, de l’importation, de la distribution et de l’utilisation à la ferme des antimicrobiens.

L’appel lancé par l’OIE en faveur d’un meilleur contrôle des antimicrobiens fait écho à la déclaration émise l’année dernière par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Celle-ci avait insisté pour dire que le monde était sur le point de perdre certains de ses « traitements miracles » en raison de l’émergence et de la propagation de pathogènes résistants aux médicaments.

Comme le faisait remarquer l’OMS, le développement de résistance est un processus naturel qui finit par se produire pour tous les médicaments. Cependant, un certain nombre de facteurs tant en médecine humaine qu’en médecine vétérinaires ont contribué à accélérer ce phénomène.

Selon l’OMS, les médicaments sont parfois distribués trop facilement, « par mesure de précaution », souvent pour répondre à la demande des patients. Dans d’autres cas, les patients ne suivent pas leur traitement jusqu’au bout. Dans certains pays, on vend des produits de qualité inférieure aux normes ou encore il est possible de se procurer des médicaments en vente libre.

Dans le secteur animal, des antimicrobiens sont couramment employés dans les aliments du bétail pour stimuler la croissance et pour prévenir les infections chez les animaux destinés à l’alimentation. Il est possible d’acheter certains médicaments sans ordonnance vétérinaire ou encore des médicaments prescrits par une ordonnance vétérinaire sont utilisés à des concentrations qui excèdent les niveaux approuvés.

Certains des médicaments d’usage courant utilisés dans l’élevage du bétail ont des incidences importantes sur le plan médical pour la santé humaine. Par exemple, des macrolides et des tétracyclines sont souvent mélangés aux aliments du bétail pour favoriser la croissance ou la prévention des maladies. D’autre part, ont utilise fréquemment des fluoroquinolones et des céphalosporines pour prévenir et traiter les infections. Les organismes pathogènes et commensaux résistants à ces médicament chez les animaux peuvent être transmis aux humains et la gestion de la santé animale devient alors une préoccupation pour la santé humaine. L’inverse peut être tout aussi vrai.

Ce qui complique davantage la situation est le fait qu’on arrive pas à mettre au point suffisamment rapidement de nouveaux médicament pour remplacer les traitements existants rendus moins efficaces en raison de l’émergence des pathogènes résistants aux médicaments.

Sur la scène internationale, l’OIE et l’OMS tentent d’attirent l’attention sur ce problème, tandis qu’au Canada, les ministères des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux poursuivent leur collaboration au chapitre de la surveillance, de la prévention et de l’éducation.

Sur la scène fédérale, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), de concert avec Santé Canada et l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), se penche sur la résistance aux antimicrobiens par le truchement du Programme intégré canadien de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (PICSRA), lequel a permis de démontrer que la résistance aux antimicrobiens prend de l’ampleur dans le secteur des animaux destinés à l’alimentation. L’ACIA surveille également les résidus de drogues dans les aliments et s’assure que les aliments du bétail médicamentés répondent aux normes du gouvernement fédéral.

Santé Canada conseille aux professionnels de la santé, patients, vétérinaires, producteurs agricoles et autres producteurs d'aliments d'utiliser prudemment les médicaments antimicrobiens. Dans le cadre de ses efforts pour répondre aux préoccupations relativement à la résistance aux antimicrobiens, Santé Canada a classé les antimicrobiens selon leur importance en médecine humaine et traite actuellement les allégations liées à la stimulation de la croissance des antimicrobiens importants sur le plan médical. Santé Canada a également élaboré une politique sur l'utilisation de médicaments vétérinaires à des fins non conformes aux mentions de leur étiquette et s’est prononcé contre une telle utilisation de médicaments antimicrobiens importants (p. ex. ceftiofur et fluoroquinolones) dans des situations nécessitant un traitement de masse. Cependant, l’utilisation de médicaments de façon non conforme aux mentions des étiquettes et la prescription de médicaments est une pratique de la médecine vétérinaire et est réglementée par les gouvernements provinciaux.

Quant aux provinces et aux territoires, leurs organismes de réglementation vétérinaire et médicale doivent encourager leurs membres à exercer une surveillance prudente et à prescrire judicieusement les antimicrobiens.

Nous reconnaissons que les antimicrobiens peuvent être à la fois une source de risques et d’avantages. En s’engageant dans un dialogue informatif et franc avec toutes les parties concernées, nous pouvons faire en sorte que ces outils précieux pour les professionnels de la santé soient utilisés avec prudence, de façon à préserver leur efficacité dans le traitement des animaux et des humains. La société n’en attend pas moins de nous.

Dr Brian Evans
Vétérinaire en chef du Canada
Agence canadienne d'inspection des aliments

(Cet article a paru en juillet 2012 dans La Revue vétérinaire canadienne)

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