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Femmes en Sciences - balado avec Anna-Mary Schmidt

Quand j'étais petite, je voulais devenir détective. Le travail du scientifique est assez semblable à celui du détective quand on y pense; il enquête aussi sur l'inconnu et il doit rassembler les pièces d'un casse-tête.

Anna-Mary Schmidt - Chef de section diagnostique, vigne, Laboratoire de Sidney

Anna-Mary a d'abord travaillé comme photographe, mais son intérêt pour la nature l'a amenée à devenir une scientifique. Son travail au Laboratoire de Sidney consiste à assurer la salubrité des vignes et des fruits du Canada.

Anna-Mary Schmidt – Transcription audio

Aujourd'hui, nous parlons avec Anna-Mary Schmidt, responsable des contrôles diagnostiques sur la vigne, au Laboratoire de Sidney de l'ACIA, Centre de protection des végétaux, à Sidney, en Colombie-Britannique. Merci de vous joindre à nous aujourd'hui pour nous parler de votre rôle à l'ACIA et de votre passion pour les sciences.

C'est un grand plaisir!

Anna-Mary, expliquez-nous votre rôle en tant que responsable des contrôles diagnostiques sur la vigne, à l'ACIA.

Bien sûr. Mon rôle principal consiste à gérer les programmes de contrôle virologique des vignes et des petits fruits ainsi que les programmes d'élimination des virus qui s'attaquent à ces plantes. Par « petits fruits », je veux dire les baies, les fraises, les framboises, les canneberges, etc. J'offre aussi des conseils scientifiques au personnel des programmes de protection des végétaux de l'ACIA, aux autres ministères, aux gouvernements étrangers et, au besoin, à des organismes internationaux de protection des végétaux. Je gère des projets de recherche et de développement technologique touchant les vignes et les petits fruits, auxquels il arrive aussi que je participe.

Vous avez donc beaucoup de responsabilités. Comment vous sentez-vous de savoir que votre travail contribue à aider les Canadiens?

Eh bien, une des tâches principales du Laboratoire de Sidney est d'assurer que le matériel végétal qui entre au Canada soit introduit de manière sécuritaire et de prévenir l'introduction d'organismes nuisibles et de pathogènes. Ces pathogènes et organismes nuisibles pourraient sérieusement nuire à l'économie canadienne, endommager l'environnement et menacer la sécurité sanitaire de notre approvisionnement alimentaire. Mon rôle est de gérer l'analyse de certaines denrées importées et de déterminer l'état de santé ou l'état phytosanitaire des plantes en question avant de décider si elles peuvent être libérées ou non.

Y a-t-il un ravageur en particulier qui vous a causé plus de problèmes que d'autres?

Eh bien, les virus sont problématiques. Au Laboratoire de Sidney, si nous nous concentrons surtout sur les maladies virales et celles qui leur ressemblent, c'est parce que lorsque ces virus infectent une plante hôte, la plante est infectée pour toute sa vie. Quand une plante est infectée par un virus, on ne peut pas la traiter comme on pourrait traiter une infection fongique. Si une plante est infectée par un virus dans un verger ou un vignoble, la seule chose que l'on puisse faire, c'est d'enlever la plante infectée. Il existe des méthodes pour éliminer des virus dans des plantes dans des conditions contrôlées, mais pas si la plante se trouve dans un champ, un vignoble ou un verger. En fait, les virus représentent vraiment un défi.

Vous dites que votre travail concerne spécifiquement les vignes et les fruits, et évidemment ces plantes jouent un rôle très important dans l'économie de la Colombie-Britannique. Qu'est-ce qui vous a poussée vers les sciences?

Cela s'est fait de manière plutôt graduelle. Quand j'étais jeune, toutes sortes de choses m'intéressaient, et pendant longtemps, je voulais devenir détective, ce qui est amusant, parce qu'en science, il faut aussi faire des enquêtes et rassembler les renseignements comme s'il s'agissait d'un casse-tête. Et puis, j'adorais être dehors, et la nature m'inspirait. Je pense que la nature nous renseigne beaucoup sur la science, la beauté, la créativité et la spiritualité. Ce sont surtout les aspects de la beauté et de la créativité de la nature qui m'ont accrochée, et très jeune, je suis tombée en amour avec la photographie. J'ai reçu mon premier appareil 35 mm pour mes quatorze ans. Naturellement, c'était bien avant l'ère numérique, alors j'ai appris à développer les films et à imprimer les photos, et j'adorais ça. Avant d'étudier en sciences, je me suis intéressée aux arts, et j'ai obtenu un diplôme en art photographique. Plus tard, je me suis rendu compte que je devais retourner aux études étant donné mon intérêt pour la nature et les sciences, j'ai choisi une science biologique.

Vu que vous aviez étudié en arts, avez-vous senti que la transition vers les sciences a été facile?

Eh bien non, pas au début. Vous savez, les deux premières années en sciences, on semble voir surtout des concepts de base et il y a beaucoup de choses à mémoriser. Mais en troisième et en quatrième année, on arrive aux choses plus intéressantes, et c'est là que j'ai vu que la science était vraiment un processus très créatif.

Et maintenant que vous en faites depuis quelques années et que vous avez touché à tellement de sciences différentes, quel est le fait scientifique qui vous fascine le plus?

Je me souviens d'un cours de microbiologie de deuxième année où j'ai eu une véritable révélation : nous apprenions que les virus se trouvent dans une zone grise en ce qui a trait au vivant et au non-vivant. En effet, ils ne peuvent pas se répliquer par eux-mêmes : ils ont besoin, pour cela, d'une cellule hôte, et en fait ils détournent la machinerie de réplication de la cellule hôte pour se répliquer. Mais ce faisant, ils peuvent gravement nuire à leur hôte. Voilà un élément qui me fascine!

En tant que scientifique, diriez-vous que c'est quelque chose qui vous inspire? Ou alors qu'est-ce qui vous inspire en tant que scientifique? Ou encore qui est-ce qui vous inspire en tant que scientifique?

Eh bien, je suis passionnée par le fait que la science ne soit pas entièrement découpée en noir et blanc. En ce qui concerne les gens qui m'inspirent, je dois dire que Rosalind Franklin est une grande source d'inspiration pour moi. Nous la connaissons naturellement comme chimiste, spécialiste de la cristallographie aux rayons X qui a contribué de manière importante à la découverte de la structure en double hélice de l'ADN. Malheureusement, elle n'a pas partagé avec ses collègues James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins le prix Nobel pour cette découverte. Je pense que nous connaissons tous les noms de Watson et Crick, mais malheureusement celui de Rosalind Franklin est moins connu. Elle est inspirante parce qu'elle a dû lutter pour sa place en sciences, étant une femme dans un monde d'hommes, mais elle a vraiment persévéré. Je pense que cela se voit quand on lit au sujet de… ceux qui n'étaient pas intimidés par sa présence ont vu une femme extrêmement intelligente et compétente, pleine d'esprit et très sportive. Elle aimait voyager et découvrir d'autres cultures. Elle avait un esprit très, très curieux. Plus tard, elle a utilisé la cristallographie pour étudier la structure des virus des plantes, ce qui est plutôt cool, compte tenu de mon champ de travail actuel.

Quelle est la percée scientifique que vous espérez au cours des cinq prochaines années?

Eh bien, j'aimerais voir de meilleurs traitements contre le cancer et, bien sûr, un remède. Vous savez, je pense que le cancer c'est quelque chose qui a touché presque chacun d'entre nous. Je dois dire que j'aimerais beaucoup voir des progrès dans ce domaine.

Avec la carrière que vous avez, vos études universitaires et, bien sûr, votre intérêt pour les scientifiques comme Rosalind Franklin, que diriez-vous aux filles et aux jeunes femmes pour les encourager à choisir les sciences?

Je leur dirais : « Faites ce que vous aimez, croyez en vos capacités et essayez de ne pas être intimidées ou effrayées. » Je suis sûre que les filles ont ce qu'il faut, et je pense qu'il est vraiment important que tout le monde, et pas seulement les jeunes femmes, comprenne ce que font les scientifiques. Si vous le pouvez, inscrivez-vous à un programme d'observation des scientifiques. Si vous aimez la physique, le génie mécanique ou l'entomologie – les insectes – essayez d'observer et de suivre quelqu'un dans ce domaine pour vous faire une idée de ce qu'il fait. Je pense que cela peut être très instructif pour les jeunes. Je pense également que je recommanderais de ne pas se limiter à un seul intérêt et de comprendre que différentes disciplines peuvent très bien aller de pair. Si vous commencez dans une voie et que vous vous rendez compte que ce n'est pas tout à fait ce que vous vouliez, n'ayez pas peur d'essayer quelque chose de nouveau, et prenez votre temps pour choisir la carrière que vous voulez mener. Permettez-vous de mieux comprendre comment le monde fonctionne avant de prendre de grandes décisions comme celle-ci.

Je suis d'accord, ce serait bien de voir plus de filles poursuivre tous leurs intérêts.

Mais oui! Et pourquoi pas?

En effet, et pourquoi pas? Merci beaucoup de nous avoir accordé du temps aujourd'hui. Nous vous sommes reconnaissants d'avoir partagé votre expérience avec nous.

Je vous en prie. Je suis contente d'avoir eu l'occasion de le faire.

Merci.

Merci.

[Fin de l'enregistrement]

Femmes en sciences - Anna-Mary Schmidt

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