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Un laboratoire de Winnipeg de renommée mondiale lutte contre l'influenza aviaire et d'autres virus des animaux grâce à des recherches de pointe

On se fait souvent une représentation romancée des chercheurs scientifiques comme travaillant seuls dans un laboratoire, mélangeant soigneusement des solutions et rédigeant des notes jusqu'à ce qu'ils fassent une découverte – Euréka, regardez ce que j'ai découvert! En vérité, la science exige beaucoup d'échange de données et une étroite collaboration.

Par exemple, c'est grâce à leur expertise et leurs réseaux que les chercheurs scientifiques des laboratoires du Centre national des maladies animales exotiques (CNMAE) à Winnipeg, qui relève de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, ont découvert une éclosion d'influenza aviaire, un virus mortel, en novembre 2014. Cette maladie n'affecte pas les gens, mais elle peut détruire des élevages entiers de poulets, de dindons et même d'animaux domestiques, comme des perruches, des tourtereaux et des perroquets!

Lorsque des producteurs de la vallée du Fraser en Colombie-Britannique ont constaté un taux de mortalité supérieur à l'accoutumée dans des élevages de dindons et de poulets, ils ont contacté l'ACIA pour savoir ce qui se passait. Très vite, les scientifiques du CNMAE ont établi que les volatiles mouraient du virus influenza aviaire (qui entraîne la mort maladie). Les scientifiques ont aussi déterminé que ce foyer particulier était causé par une nouvelle souche hybride d'influenza – soit une souche nord-américaine à faible pathogénicité et une souche européenne à forte pathogénicité.

Il faut beaucoup de choses pour identifier et retracer un virus comme étant celui qui entraîne  l'influenza aviaire. Le fait de savoir d'où provient un virus et comment il mute avec le temps, est indispensable pour lutter contre cette maladie infectieuse. Le fait de connaître la source de l'infection aide les chercheurs à mieux comprendre comment elle s'est déclarée. Cela peut également contribuer à déterminer les vaccins et les traitements qui existent ou s'il faut mettre au point un nouveau vaccin. Dans le cas du foyer de 2014, les scientifiques ont réussi à retracer le nouveau virus jusque-là où il s'était manifesté pour la première fois en Asie et à suivre son cheminement à travers l'Europe occidentale jusqu'à l'Amérique du Nord. Mais comment ont-ils donc procédé?

Pour résoudre des cas comme celui‑ci, il faut posséder des compétences ultra-spécialisées. Il faut également prélever des spécimens du virus et glaner des données dans le monde entier. Les virus de l'influenza subissent des mutations rapides et différentes régions du monde sont victimes de versions quelque peu différentes. Les tests de détection du virus de l'influenza et les vaccins doivent constamment être évalués et optimisés selon les virus actuellement en circulation. C'est la raison pour laquelle il est si important d'échanger des données sur les différentes sources de virus avec des partenaires de partout dans le monde. Les bons outils font toute la différence.

Le CNMAE de Winnipeg est l'unique laboratoire du Canada qui sache travailler avec des virus actifs à forte pathogénicité comme le virus de l'influenza aviaire. Il n'existe pas beaucoup de laboratoires comme celui-ci, même dans d'autres pays. Les laboratoires à haut niveau de confinement coûtent très cher et sont difficiles à exploiter. L'édifice doit être construit de manière à ne jamais être affecté par les pannes de courant ou par toute autre catastrophe naturelle. Le débit et la pression d'air, le débit d'eau, la température et l'électricité doivent faire l'objet d'une surveillance constante. Et le bâtiment doit être constamment et rigoureusement certifié et testé à l'extérieur. Pas un seul objet ne peut quitter le bâtiment sans avoir été désactivé ou décontaminé. Même les scientifiques peuvent uniquement pénétrer dans le laboratoire par des portes bioétanches qui sont reliées et qui fonctionnent avec le débit d'air contrôlé dans le laboratoire. Les scientifiques suivent une formation intense pour apprendre à travailler dans ce type d'environnement sans encourir eux-mêmes des risques ou compromettre la sécurité publique. Le laboratoire fait partie d'un réseau international de laboratoires à haut niveau de confinement que l'on appelle le réseau BSL4Z (réseau de laboratoires zoonotiques de niveau 4 de biosécurité). Ce laboratoire est également doté de laboratoires de confinement de niveaux 2 et 3, selon le risque que font encourir les agents pathogènes aux personnes et aux collectivités. Le laboratoire de niveau 4 est le laboratoire doté du plus haut niveau de confinement, et est actuellement le seul laboratoire de santé animale de niveau 4 en Amérique du Nord. (Par exemple, salmonella et E. coli nécessitent un laboratoire de niveau 2, l'influenza aviaire et la tuberculose, un laboratoire de niveau 3, et le virus d'Ebola, un laboratoire de niveau 4. Sachez-en plus long au sujet des Normes et lignes directrices canadiennes sur la biosécurité).

Le laboratoire de Winnipeg est par ailleurs le laboratoire de référence de l'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA, fondée en tant qu'Office international des épizooties (OIE)) pour ce qui est des virus à forte pathogénicité de l'influenza aviaire. Cela signifie que les scientifiques du laboratoire sont des experts internationaux en influenza aviaire et qu'ils ont pour mission de tenter de résoudre tous les problèmes scientifiques ou techniques qui ont un rapport avec ce virus. C'est pourquoi ils recueillent des renseignements sur la maladie pour que les scientifiques puissent échanger les données avec des collaborateurs et des réseaux du monde entier. Cela leur permet également d'apporter une aide aux laboratoires provinciaux et d'effectuer des tests sur des échantillons d'influenza aviaire, en assurant la sécurité des volatiles et en contribuant à protéger le secteur avicole.

Armés de laboratoires spécialisés, de multiples données mondiales et de compétences spécialisées, les scientifiques de l'ACIA aident par ailleurs les laboratoires du monde entier à lutter contre les maladies. Par exemple, l'unité aviaire du CNMAE fait partie d'une initiative de « Jumelage de l'OMSA », en aidant à établir des laboratoires en Afrique (Ghana) et en Amérique du Sud (Colombie). Ces laboratoires sont appelés à devenir des centres diagnostiques régionaux de détection des virus de l'influenza dans ces pays respectifs. L'ACIA donne une formation pratique sur les méthodes diagnostiques, et enseigne la façon d'utiliser les équipements et de mettre en œuvre des mesures de contrôle de la qualité. Ces travaux à l'échelle internationale aident également les scientifiques du Canada en fournissant une source d'échantillons à étudier, en fournissant une formation pour reconnaître les maladies qui n'existent pas au Canada, et en nouant des rapports en vue de projets futurs.

La collaboration et les communications sont indispensables à qui veut identifier et atténuer la propagation et la dévastation des virus mortels, peu importe qu'ils affectent les volatiles, les animaux ou l'être humain. Ces deux éléments constituent la pierre angulaire de tous les travaux scientifiques qui se font au CNMAE. Un célèbre scientifique du nom de Sir Isaac Newton a dit un jour « Si j'ai pu voir plus loin, c'est en me tenant sur les épaules de géants. » C'est précisément ce que font les scientifiques de l'ACIA; ils collaborent avec d'autres pour tirer les leçons de leur expérience et de leurs connaissances, et ils utilisent ces données pour améliorer nos propres diagnostics menant à une meilleure santé d'animale..

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