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Toxines d'Alternaria dans la bière, le jus, l'huile et les graines - 1 avril 2018 au 31 mars 2019

Chimie alimentaire - Études ciblées – Rapport final

PDF (907 ko)

Résumé

Les études ciblées fournissent des renseignements sur les dangers alimentaires potentiels et contribuent à améliorer les programmes de surveillance régulière de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). Ces études permettent de recueillir des données sur la sécurité de l'approvisionnement alimentaire, de cerner les nouveaux risques éventuels ainsi que de fournir de nouveaux renseignements et de nouvelles données sur les catégories alimentaires, là où ils pourraient être limités ou inexistants. L'ACIA se sert souvent des études ciblées pour orienter ses activités de surveillance vers les domaines où le risque est le plus élevé. Les études peuvent aussi aider à identifier de nouvelles tendances et fournissent des renseignements sur la façon dont l'industrie se conforme à la réglementation canadienne.

La présente étude a permis d'obtenir des données de surveillance de base sur les concentrations de toxines d'Alternaria dans certains aliments offerts sur le marché du détail canadien. Les principales toxines d'Alternaria sont l'alternariol (AOH), le monométhyléther d'alternariol (AME), l'altuène (ALT) et l'acide L-ténuazonique (TeA). Le TeA présente la toxicité la plus aiguë, alors que l'AOH et l'AME ont une toxicité plus faibleNote de bas de page 1. Toutefois, plusieurs mentions ont été faites des effets mutagènes et génotoxiques de l'AME et de l'AOHNote de bas de page 2, tout comme de leur tendance à causer la mort chez les fœtus de ratsNote de bas de page 3.

Au total, 399 échantillons de bière, de jus, d'huile et de graines ont été prélevés dans des points de vente au détail de six villes canadiennes et soumis à des analyses visant l'AOH et l'AME. La méthode d'analyse n'incluait pas l'ALT et le TeA à cause de l'absence d'étalons offerts sur le marché. L'AOH et/ou l'AME ont été détectés dans 232 échantillons (58 %). Les concentrations d'AOH et d'AME ont été combinées; ce sont donc les concentrations totales de toxines d'Alternaria qui sont indiquées dans la présente étude. Les concentrations détectées allaient de 0,050 partie par milliard (ppb) à 573 ppb.

Actuellement, au Canada comme ailleurs dans le monde, les concentrations de toxines d'Alternaria dans les aliments ne font l'objet d'aucune réglementation. Santé Canada (SC) a déterminé que les concentrations d'AOH et d'AME observées dans le cadre de la présente étude ne représentaient pas de risques pour la santé humaine, et l'étude n'a donc donné lieu à aucun rappel. L'ACIA procède aux activités de suivi qui s'imposent, notamment d'autres analyses de produits semblables au cours des années précédentes et subséquentes.

D'autres organismes de réglementation, notamment la Food and Drug Administration des États‑Unis, l'organisme de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande ainsi que l'Union européenne, ne surveillent pas la présence de toxines d'Alternaria dans les aliments ou ne publient pas actuellement les résultats de leurs activités de surveillance. Il est donc impossible de comparer l'exposition des consommateurs canadiens aux toxines d'Alternaria à celle des personnes dans les autres pays. Toutes les données ont été transmises à Santé Canada. Ces données pourraient être utilisées dans le cadre des futures évaluations des risques et pour l'établissement de normes au Canada et/ou an niveau international.

En quoi consistent les études ciblées

L'ACIA utilise des études ciblées pour concentrer ses activités de surveillance dans les domaines où le risque est le plus élevé. Grâce aux données obtenues de ces études, l'agence peut établir des priorités parmi ses activités afin de cibler les produits alimentaires les plus préoccupants. À l'origine, les études ciblées étaient menées dans le cadre du Plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires (PAASPA), mais depuis 2013 elles sont intégrées aux activités de surveillance régulières de l'ACIA. Les études ciblées constituent un outil précieux pour obtenir de l'information sur certains dangers posés par les aliments, cerner ou caractériser les dangers nouveaux ou émergents, recueillir l'information nécessaire à l'analyse des tendances, susciter ou peaufiner les évaluations des risques pour la santé, mettre en évidence d'éventuels problèmes de contamination ainsi qu'évaluer et promouvoir la conformité avec les règlements canadiens.

La salubrité des aliments est une responsabilité commune. L'ACIA collabore avec les paliers d'administration fédérale, provinciale, territoriale et municipale et exerce une surveillance de la conformité aux règlements visant l'industrie alimentaire pour favoriser une manipulation sûre des aliments à l'échelle de la chaîne de production alimentaire. L'industrie alimentaire et le secteur de la vente au détail au Canada sont responsables des aliments qu'ils produisent et vendent, tandis que les consommateurs sont individuellement responsables de la manipulation sécuritaire des aliments qu'ils ont en leur possession.

Pourquoi avoir mené cette étude

L'offre de bière, de jus, d'huile et de graines est constamment diversifiée pour répondre à la demande des consommateurs. La moisissure peut apparaître au champ, durant le transport et/ou en cours d'entreposage dans les ingrédients bruts de ces aliments et boissons. Les organismes du genre Alternaria qui causent la moisissure sont largement répartis dans le sol et sont présents dans l'air. Ce sont des agents phytopathogènes ainsi que des allergènes communs chez les humains.

De plus, les espèces du genre Alternaria produisent de multiples toxines appelées « mycotoxines », les principales étant l'AOH, l'AME, l'ALT et le TeA. Vu la présence commune des organismes du genre Alternaria, ces toxines se rencontrent fréquemment dans divers produits. Des mycotoxines d'Alternaria ont été dépistées chez des fruits, notamment des pommes, des raisins de couleur foncé, et des agrumes, chez des légumes, comme des tomates, des poivrons et des olives, et dans des jus et boissons aux fruits. Elles sont également observées dans le grain, notamment le blé et l'orge, les graines de tournesol et le vin. Les espèces du genre Alternaria sont les champignons infectant le plus couramment les tomatesNote de bas de page 4.

Le TeA est la mycotoxine produite par les espèces du genre Alternaria qui présente la toxicité la plus aiguë. Dans le cadre d'une étude, l'administration orale de sels de TeA à des souris et à des rats entraînait un collapsus cardiovasculaireNote de bas de page 1. L'AOH et l'AME présentent une faible toxicité aiguë, mais des effets mutagènes et génotoxiques ont été observés dans des cultures cellulaires et chez des animaux de laboratoireNote de bas de page 2. Ces toxines ont causé la mort de fétus de ratsNote de bas de page 3. L'exposition aux Alternaria par inhalation peut causer de l'asthme, des infections et des allergies. L'exposition alimentaire a été associée à divers effets nocifs sur la santé. Le TeA a été lié à des troubles hématologiques chez l'humainNote de bas de page 4.

Les fruits constituent la principale source de toxines d'Alternaria dans l'alimentation humaineNote de bas de page 6. La présence de mycotoxinesd'Alternaria dans les aliments ne fait l'objet d'aucune réglementation au Canada ou ailleurs dans le mondeNote de bas de page 6. L'utilisation de fongicides est l'approche la plus commune pour éviter la contamination des aliments par les toxines d'Alternaria.

La présente étude ciblée visait principalement à recueillir des données de surveillance de base sur les concentrations de toxines d'Alternaria dans le jus, la bière, l'huile et les graines et à comparer la présence de mycotoxines d'Alternaria dans les aliments observée dans le cadre de la présente étude à celle rapportée par d'autres études. Aucun autre programme de l'ACIA n'inclut une surveillance régulière des mycotoxines d'Alternaria.

Quels produits ont été échantillonnés

Divers produits canadiens et importés de bière, de jus, d'huile et de graines ont été échantillonnés et analysés entre le 1er avril 2018 et le 31 mars 2019. Les échantillons de produits ont été prélevés dans des points de vente au détail de 6 grandes villes du Canada. Ces villes englobent 4 régions géographiques canadiennes : l'Atlantique (Halifax), le Québec (Montréal), l'Ontario (Toronto et Ottawa) et l'Ouest (Vancouver et Calgary). Le nombre d'échantillons recueillis dans ces villes était proportionnel à la population relative des régions respectives. La durée de conservation, les conditions d'entreposage et le coût de l'aliment sur le marché ouvert n'ont pas été pris en considération dans la présente étude.

Tableau 1. Répartition des échantillons d'après leur type et leur origine
Type de produit Nbre d'échantillons canadiens Nbre d'échantillons importés Note de tableau a Nbre d'échantillons d'origine non précisée Note de tableau b Nombre total d'échantillons
Bière 33 28 19 80
Jus 81 16 82 179
Huile 10 52 28 90
Graines 16 5 29 50
Total 140 101 158 399

Notes de tableau

Note de tableau a

Les échantillons provenaient d'au moins 32 pays

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Note de tableau b

L'expression « non précisée » désigne les échantillons pour lesquels il a été impossible de déterminer le pays d'origine d'après l'étiquette du produit ou l'information disponible sur l'échantillon

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Comment les échantillons ont-ils été analysés et évalués

Les échantillons ont été analysés par un laboratoire d'analyse des aliments certifié ISO/CEI 17025 sous contrat avec le gouvernement du Canada. Les échantillons ont été analysés « tels que vendus », sans égard à la façon dont ils auraient été consommés.

La présence de toxinesd'Alternaria dans les aliments ne fait l'objet d'aucune réglementation au Canada ou ailleurs dans le mondeNote de bas de page 5. En l'absence de concentrations maximales, les niveaux de toxines d'Alternaria sont évalués par SC au cas par cas, en fonction des données scientifiques accessibles les plus récentes.

Résultats de l'étude

Au total, 399 échantillons de bière, de jus, d'huile et de graines canadiens et importés ont été soumis à des analyses visant l'AOH et l'AME,toxines d'Alternaria. La méthode d'analyse n'incluait pas l'ALT et le TeA, à cause de l'absence d'étalons offerts sur le marché. L'AOH et/ou l'AME ont été détectés dans 232 échantillons (58 %). Les concentrations d'AOH et d'AME ont été combinées; ce sont donc les concentrations totales de toxines d'Alternaria qui sont indiquées dans la présente étude. Les concentrations détectées allaient de 0,050 à 573 ppb. Un résumé des résultats relatifs aux toxines d'Alternaria par type de produit est présenté dans le tableau 2.

Le pourcentage d'échantillons présentant des concentrations détectables de toxines d'Alternaria allait de 28 % dans le cas de la bière à 72 % dans celui du jus et des graines. La concentration moyenne de toxines d'Alternaria allait de 0,26 ppb pour la bière à 17 ppb pour le jus. Une ventilation détaillée des résultats par type de produit (par exemple, par type de jus) est présentée à l'annexe A.

Tableau 2. Concentrations de toxines d'Alternaria dans la bière, le jus, l'huile et les graines
Type de produit Nbre total d'échantillons Nbre d'échantillons positifs Min (ppb) Max (ppb) Concentration moyenne (ppb) des résultats positifs
Bière 80 24 0,091 1,2 0,26
Jus 174 125 0,050 573 17
Huile 90 50 0,10 57 7,1
Graines 50 36 0,054 55 6,0

Que signifient les résultats de l'étude

Les taux de détection de toxines d'Alternaria dans la bière, le jus, l'huile et les graines obtenus dans le cadre de la présente étude sont comparables et/ou inférieurs à ceux observés lors de relevés précédents ou rapportés dans d'autres articles scientifiquesNote de bas de page 7,Note de bas de page 8,Note de bas de page 9,Note de bas de page 10,Note de bas de page 11,Note de bas de page 12,Note de bas de page 13,Note de bas de page 14,Note de bas de page 15,Note de bas de page 16. Les concentrations moyennes et maximales de toxines d'Alternaria mesurées dans le cadre de la présente étude étaient comparables ou inférieures à celles observées lors de relevés précédents. Comme dans d'autres études, les concentrations de toxines d'Alternaria étaient faibles dans les jus de consommation courante (jus de pomme, d'orange et de raisin), mais elles étaient élevées dans les jus contenant de la grenade comme ingrédient principal.

Tableau 3. Concentrations de toxines d'Alternaria dans la bière, le jus, l'huile et les graines mesurées dans le cadre d'enquêtes précédentes et d'études scientifiques
Type de produit Administration/ auteur Année de l'enquête Nbre d'échan-tillons Nbre (pourcentage) d'échantillons dans lesquels des toxines d'Alternaria ont été détectées Min (ppb) Max (ppb) Moyenne (ppb)
Bière ACIA 2018 à 2019 80 22 (27) 0,091 1,2 0,26
Bière Allemagne - Bauer et al. 2014 44 44 (100) 0,23 1,6 0,56
Bière Italie - Prelle et al. 2012 30 9 (30) 6,04 23,2 Non précisée
Jus ACIA 2018 à 2019 174 125 (72) 0,050 573 17
Jus ACIA 2014 à 2016 273 138 (50) 0,050 619 69
Jus UE - Patriarca et al. 2016 95 41 (43) 0,13 20,19 Non précisée
Jus Chine - Chen Fan et al. 2016 15 9 (60) 0,13 8,68 2,56
Jus Italie - Prelle et al. 2012 10 0 (0) N/A N/A N/A
Jus Canada - Lau et al. 2003 19 15 (79) 0,62 40,6 6,16
Jus Canada - Scott et al. 1997 8 3 (38) 0,8 5,0 2,7
Jus Espagne - Delgado et al. 1993 à 1994 32 16 (50) 1,35 5,42 Non précisée
Huile ACIA 2018 à 2019 90 50 (56) 0,10 57 7,1
Huile UE - Patriarca et al. 2016 19 16 (84) 2,8 14 Non précisée
Graines ACIA 2018 à 2019 50 36 (72) 0,054 55 6,0
Graines UE - Patriarca et al. 2016 11 7 (64) 16,64 60 Non précisée
Graines Argentine - Chulze et al. 1991 à 1992 150 134 (89) 30 1512 286
Graines Argentina - Torres et al. 1993 50 38 (76) 90 1026 415

D'autres organismes de réglementation, notamment la Food and Drug Administration des États‑Unis, l'organisme de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande ainsi que l'Union européenne, ne surveillent pas la présence de toxines d'Alternaria dans les aliments, ou du moins ne publient pas actuellement les résultats de leurs activités de surveillance. Il est donc impossible de comparer l'exposition des consommateurs canadiens aux toxines d'Alternaria à celle des personnes dans les autres pays.

Annexe A

Tableau 4. Ventilation détaillée des concentrations de toxines d'Alternaria dans la bière, le jus, l'huile et les graines
Type de produit Type de produit/ingrédient principal Nbre total d'échan-tillons Nbre d'échan-tillons à concen-tration détectable Min (ppb) Max (ppb) Concentration moyenne (ppb) des résultats positifs
Bière Orge 76 18 0,091 1,2 0,25
Bière Autre 1 1 N/A 0,39 N/A
Bière Blé 3 2 0,20 0,33 0,27
Jus Pomme (cidre et jus) 27 12 0,12 1,8 0,44
Jus Mélange 78 55 0,050 15 1,6
Jus Mélange (avec grenade) 3 3 5,8 573 253
Jus Canneberge 2 2 0,1 0,57 0,34
Jus Raisin 4 2 0,12 0,29 0,21
Jus Pamplemousse 3 0 N/A N/A N/A
Jus Orange 34 27 0,070 2,1 0,5
Jus Autre Note de tableau c 11 8 0,26 12 3,3
Jus Ananas 12 10 0,10 0,84 0,4
Jus Grenade 5 5 13 485 249
Huile Canola 8 3 0,36 2,2 1,0
Huile Maïs 9 9 0,13 4,7 1,0
Huile Olive 10 8 1,3 7,7 4,4
Huile Autre Note de tableau d 7 1 N/A 0,1 N/A
Huile Palme 10 8 0,35 57 22
Huile Arachide 9 6 0,10 0,52 0,3
Huile Sésame 9 8 2,7 47 15
Huile Soja 11 1 N/A 0,1 N/A
Huile Tournesol 10 6 0,12 4,8 1,4
Huile Végétale 7 7 N/A N/A N/A
Graines Chia 8 6 0,4 13 5,5
Graines Lin 10 8 0,11 8,2 2,6
Graines Citrouille 12 5 0,12 0,77 0,32
Graines Sésame 3 3 4,2 55 37
Graines Tournesol 17 14 0,17 9,2 3,5

Notes de tableau

Note de tableau c

Comprend le jus de bleuet, le jus de cerise, le jus et le nectar de mangue, le nectar de pêche et le jus de poire

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Note de tableau d

Comprend les huiles de coco et de pépin de raisin

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