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RG-8 Directives réglementaires : Contaminants dans les aliments du bétail (anciennement RG-1, chapitre 7)
Section 1 : Mycotoxins dans les aliments du bétail

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Certaines moisissures du grain sont reconnues comme étant une source de toxines pouvant avoir un effet nuisible si présentes dans les aliments du bétail.

Les fabricants d'aliments du bétail doivent se rappeler qu'en vertu de la section 3 (3) de la Loi relative aux aliments du bétail, ils sont responsable de la salubrité des aliments du bétail qu'ils produisent.

Fiche de renseignements - Les mycotoxines

L.L. Charmley and H.L. Trenholm, AgReTech

Introduction

Les mycotoxines sont des métabolites secondaires produits par diverses moisissures sur plusieurs produits agricoles dans certaines conditions environnementales. On estime qu'au moins 25 % des grains produits chaque année dans le monde sont contaminés par des mycotoxines. Dans les climats tempérés comme au Canada, les mycotoxines les plus préoccupantes sont les trichotécènes (déoxynivalénol (DON), nivalénol (NIV), toxine T-2 et toxine HT-2), la zéaralénone (ZEN), les fumonisines (FB), surtout la fumonisine B1 (FB1), les ochratoxines, surtout l'ochratoxine A (OA) et l'ergot. Par ailleurs, les aflatoxines (AF) constituent un problème dans les aliments de l'homme et des animaux importés de régions tropicales et subtropicales plus chaudes. Au Canada, on observe surtout des mycotoxines sur les céréales et le maïs, mais on signale parfois leur présence sur d'autres cultures, comme la luzerne et les oléagineux, et dans des aliments tels le café, le cacao, le riz, la bière et le vin. Avec les techniques d'analyse qui deviennent plus sensibles et d'utilisation plus courante, on signalera sans doute de plus en plus la contamination de divers produits et également l'apparition de nouvelles mycotoxines.

Effets toxiques sur les humains et les animaux

La plupart des études de toxicité ont trait à l'ingestion d'aliments contaminés, mais l'inhalation et l'exposition cutanée peuvent également être à l'origine de signes de toxicité.

Les effets toxiques des nombreuses mycotoxines, notamment celles que l'on rencontre le plus communément, sont bien documentés chez plusieurs espèces animales et chez l'homme. Les symptômes des nombreuses mycotoxicoses sont nombreux et varient souvent selon l'espèce, le sexe, l'âge, le stress, l'état de santé et l'état reproductif de l'animal. Ainsi, on observe le refus de s'alimenter et des vomissements (DON); une atteinte de la fonction de reproduction et une réduction de la fertilité (ZEN, DON, toxine T-2); une néphrotoxicose (OA, FB); une neurotoxicose (FB); une pneumopathie (FB); une hépatotoxicose (FB); le cancer (AF, OA, FB) et la mort (AF, toxine T-2, FB, OA). Les recherches ont démontré les effets subtils de la contamination par des mycotoxines, notamment une atteinte de la fonction immunitaire avec une résistance moindre aux infections et aux maladies (DON, AF, OA) et une diminution de la performance de l'animal (DON, AF, toxine T-2, OA). Le premier effet augmente la probabilité de la transmission de pathogènes comme les salmonelles dans la chaîne alimentaire. Récemment, on a observé que les FB inhibent la biosynthèse des sphingolipides. On pense que cette voie biosynthétique serait un indicateur sensible de l'exposition alimentaire aux FB.

Lorsque le régime alimentaire d'une espèce animale tolérant une certaine mycotoxine est contaminé, il est possible que la toxine se retrouve dans des produits de l'animal, comme le lait ou la viande, destinés à la consommation humaine. En outre, les sous-produits de certains procédés alimentaire peuvent être très contaminés par certaines mycotoxines et peuve0nt être responsables de graves effets lorsqu'on les incorpore à l'alimentation d'espèces particulièrement sensibles aux mycotoxines ou toxines présentes. Dans ces deux cas, il faut être vigilant et prendre des précautions pour assurer l'innocuité des produits pour les humains et les animaux.

Dans les conditions naturelles, il est peu probable d'observer des mycotoxines isolées; on trouvera plus communément un ensemble de contaminants. En outre, la combinaison de plusieurs produits dans la fabrication des aliments pour animaux peut réunir différentes mycotoxines et exacerber le problème. Certaines mycotoxines, lorsqu'elles sont réunies, produisent un effet synergique, et certaines ont un effet additif sur la santé ou la performance d'un animal. Le type d'interaction dépend non seulement de la combinaison particulière de mycotoxines, mais également de l'espèce animale touchée. En outre, la réaction d'un animal à un aliment contaminé par une mycotoxine peut être aggravée par d'autres facteurs comme la disponibilité ou la carence d'éléments nutritifs, ou encore la présence de facteurs agressifs du milieu (température, entassement, etc.).

Prévention

Certaines pratiques de gestion permettent de réduire la contamination par les mycotoxines :

  • Limiter les dommages causés par les oiseaux et les insectes, car les moisissures ont tendance à envahir plus facilement les grains endommagés que les grains intacts.
  • Récolter les grains le plus tôt possible. Les moisissures comme Fusarium se développent rapidement dans des conditions humides.
  • Sécher et entreposer adéquatement les grains pour empêcher la croissance des moisissures et la production de mycotoxines après la récolte.
  • En présence de maïs dont la teneur en eau est élevée, veiller à ce que les conditions d'ensilage demeurent anaérobiques pour limiter la croissance des moisissures et la contamination par les mycotoxines. Les moisissures ne peuvent pas croître dans des conditions anaérobies strictes.
  • Utiliser la rotation des cultures pour réduire la persistance des moisissures d'une année à l'autre.
  • Éviter de cultiver des plantes qui peuvent être susceptibles à une infestation de moisissures dans les champs avoisinants là où la maladie peut se répandre d'une culture à l'autre.
  • En cas de contamination, les spores de moisissures et les mycotoxines sont souvent concentrées dans les fines et les poussières de grain. On recommande à ceux qui manipulent le grain de porter un masque pour éviter d'inhaler et d'ingérer la poussière.

Une des meilleures stratégies pour éliminer ou réduire la contamination par les mycotoxines consiste à développer avant la récolte une résistance de la plante hôte à l'infestation par les moisissures et à la production de mycotoxines dans la récolte. Des progrès en ce sens ont été enregistrés concernant la résistance à une infestation par Aspergillus et à la contamination par les AF chez le maïs, à une infestation par Fusarium et à la contamination par le DON chez le blé et à une infestation par Fusarium et à la contamination par les FB chez le maïs. On étudie présentement des stratégies de modification génétique et de sélection d'hybrides naturellement résistants à l'infestation par les moisissures et à la contamination par les mycotoxines. Les résultats prometteurs indiquent que, dans certaines conditions, les modifications génétiques consistant à conférer une résistances aux insectes, aux moisissures et aux mycotoxines peuvent accroître la salubrité des produits destinés à la consommation humaine et animale, comme le maïs.

Dans le cadre du Programme national d'inspection des aliments du bétail, 300 échantillons environ font l'objet chaque année d'une analyse du DON, de la FB1, de la toxine T-2, de la toxine HT-2, du diacétoxyscirpénol (DAS), de la ZEN et de l'OA. En outre, on surveille les AF (mycotoxines pas encore détectées dans les cultures canadiennes) dans le maïs importé de régions au climat plus sec et plus chaud, comme le sud des É.-U. Il existe également un programme de surveillance des mycotoxines qui sert à étudier les poussées de mycotoxines.

Seuils d'intervention

La FAO a publié dans la série Études FAO : Alimentation et nutrition, une étude détaillée de la réglementation et des directives relatives à plusieurs mycotoxines dans divers pays (FAO, Food and Nutrition Paper 81, 2003). Les tableaux 1 et 2 renferment les tolérances recommandées pour plusieurs mycotoxines tirées de règlements ou de directives (Canada et É.-U. seulement).

Au Canada, les concentrations d'AF dans les aliments pour les humains et les animaux sont réglementées, et le DON et la toxine HT-2 font l'objet de directives (voir tableau 1). En outre, bien qu'une réglementation ou des directives protègent les consommateurs de nombreux pays contre les effets néfastes des AF dans les aliments pour les humains et les animaux, les concentrations maximales admissibles varient beaucoup d'un pays à l'autre, tout comme les directives ou les réglementations relatives à d'autres mycotoxines, lorsque de telles directives ou réglementations existent.

Plusieurs agences internationales tentent présentement d'en arriver à une normalisation des concentrations réglementaires de mycotoxines à l'échelle internationale. C'est une tâche très difficile dans le mesure où il faut tenir compte de nombreux facteurs avant d'adopter des normes d'application de la réglementation. Outre les facteurs scientifiques, comme l'évaluation du risque (données d'exposition et toxicologiques) et la précision des analyses, des facteurs économiques et politiques, comme les intérêts commerciaux de chaque pays et la nécessité de disposer continuellement d'un approvisionnement alimentaire suffisant, ont également un rôle à jouer dans le processus décisionnel. L'ensemble du processus se complique du fait que les seuils d'intervention n'ont trait qu'à une seule mycotoxine, mais qu'en réalité on a souvent affaire à plusieurs mycotoxines dans un produit contaminé, ce qui pourrait nécessiter un seuil d'intervention différent (plus bas). La mesure de la toxicité des diverses associations de mycotoxines que l'on retrouve dans la nature est une tâche énorme, probablement impossible à réaliser, d'autant plus que des mycotoxines non0 encore élucidées peuvent être présentes dans ces mélanges. En outre, des facteurs nutritionnels, le type de gestion, l'environnement et l'espèce peuvent contribuer à l'effet d'une association de mycotoxines sur la santé animale et humaine.

Néanmoins, ces obstacles n'ont pas empêché la plupart des pays de l'Union européenne de s'entendre sur une politique normalisée de réglementation de la concentration des AF dans différents aliments et ingrédients alimentaires (FAO, Food and Nutrition Paper 81, 2003).

On a proposé une norme universelle de 15 µg/g d'AF totales dans les aliments. Toutefois, des pays dont les normes sont plus sévères à cause du pouvoir cancérogène de ces toxines n'accepteront probablement pas cette valeur. Les problèmes liés à l'adoption d'une législation à cet égard ont trait aux carences propres à l'analyse de ces substances (manque de reproductibilité des résultats, échantillonnage non homogène et peu représentatif et manque d'expertise des laboratoires).

Idéalement, il faudrait éliminer les mycotoxines de la chaîne alimentaire, mais c'est pratiquement impossible. Les seuils de tolérance présentés à titre de directives dans les tableaux 1 et 2 sont basés principalement sur des études portant sur des toxines individuelles. Des recherches plus poussées sur les interactions des mycotoxines les unes avec les autres et avec d'autres facteurs environnementaux et nutritionnels permettront de valider et éventuellement de modifier ces directives.

Détoxication

La poussière de grain et les grains ratatinés plus légers peuvent être plus fortement contaminés par les mycotoxines. Par conséquent, on peut réduire la contamination en éliminant la poussière et les grains plus légers par une méthode de séparation faisant appel à la densité. On peut réduire la contamination en surface par trempage, décorticage ou nettoyage des grains à l'air forcé. Le rôtissage peut réduire la concentration des mycotoxines en brûlant les contaminants en surface et en éliminant les toxines et autres métabolites de moisissure volatiles et thermolabiles.

On peut également réduire les concentrations de mycotoxines et leurs effets sur les animaux en augmentant la concentration nutritionnelle des aliments et en évitant de donner des produits contaminés aux espèces d'animaux sensibles.

Tableau 1. Concentrations maximales admissibles d'aflatoxines ayant force de loi et directives réglementaires concernant d'autres mycotoxines dans certains aliments pour les humains et les animaux et les produits laitiers. D'après « Worldwide regulations for mycotoxins, FAO, Food and Nutrition Paper 64, 1997. »
Mycotoxines Produit Canada Produit É.-U
Déoxynivalénol (mg/kg) Blé tendre non nettoyé pour la consommation humaine 2 Produits de blé finis 1
Déoxynivalénol (mg/kg) Rations pour bovins et volaille 5 Grains et sous-produits de grains destinés aux bovins de boucherie en parc d'engraissement de plus de 4 mois et aux poulets (ne dépassant pas 50 % de la ration totale des bovins ou des poulets) 10
Déoxynivalénol (mg/kg) Rations pour porcs, jeunes veaux et animaux laitiers en lactation 1 Grains et sous-produits de grains (ne dépassant pas 40 % de la ration) 5
Déoxynivalénol (mg/kg) Grains et sous-produits de grains destinés aux porcs (ne dépassant pas 20 % de la ration) 5
Toxine HT-2 mg/kg
(ppm)
Rations pour bovins et volaille 0,1
Toxine HT-2 mg/kg
(ppm)
Rations pour animaux laitiers 0,025
Aflatoxines µg/kg
(ppb)
Produits de noix pour consommation humaine 15 Tous les aliments 20
Aflatoxines µg/kg
(ppb)
Aliments pour animaux 20 Produits laitiers (AFM1) 0,5
Aflatoxines µg/kg
(ppb)
Ingrédients alimentaires 20
Aflatoxines µg/kg
(ppb)
Tourteau de coton destiné aux bovins, aux porcs ou à la volaille adulte (peu importe l'âge ou l'état de reproduction) 300
Aflatoxines µg/kg
(ppb)
Produits de maïs et d'arachide destinés aux bovins de boucherie de reproduction, aux porcs et à la volaille adulte 100
Aflatoxines µg/kg
(ppb)
Produits de maïs et d'arachide destinés aux porcs de finition de 100 lbs ou plus 200
Aflatoxines µg/kg
(ppb)
Produits de maïs et d'arachide destinés aux bovins de boucherie de finition 300
Tableau 2. Seuils de tolérance recommandés (mg/kg) pour plusieurs mycotoxines au Canada et aux É.-U.
Mycotoxine Seuils de tolérance recommandés au Canada : Directives aux États-Unis
Diacétoxyscirpénol (DAS) Aliments pour porcs < 2
Aliments pour volaille < 1
Toxine T-2 Aliments pour porcs et volaille < 1
Zéaralénone (ZEN) Rations pour jeunes truies < 1 - 3
Rations pour vaches 10 (1,5 si autres toxines présentes)
L'industrie porcine s'est déclarée préoccupée par les concentrations de 0,25 - 5 dans les rations pour moutons et porcs
Ochratoxine A (OA) Rations pour porcs (lésions aux reins) 0,2
Rations pour porcs (gain de poids réduit) 2
Rations pour volaille 2
Ergot Teneur maximale en alcaloïdes des aliments :
Bovins, moutons, chevaux 2-3
Porcs 4 - 6
Poussins 6 - 9
Fumonisine Alimentation animaleNote de bas de page 1
Ration totale des chevaux et lapins 1
Ration totale des porcs 10
Ration totale des bovins, moutons, et chèvres de plus de 3 mois 30
Ration totale des reproducteurs chez les ruminants et la volaille 15
Ration totale de la volaille destinée à l'abattoir 50
Alimentation humaineNote de bas de page 2
Produits de maïs dégermé moulu à sec, 2
Son de maïs moulu à sec, 4
Maïs nettoyé, pour masa, 4
Maïs nettoyé, pour maïs à éclater, 3

Notes de tableau

Note de tableau 1

D'après le Center for Veterinary Medicine/Food and Drug Administration Draft report, 24 février 2000.

Retour à la référence de la note de tableau 1

Note de tableau 2

D'après le Center for Food Safety and Applied Nutrition/Center for Veterinary Medicine, Food and Drug Administration, 9 novembre 2001.

Retour à la référence de la note de tableau 2

Contact

Division des aliments pour animaux
Agence canadienne d'inspection des aliments
59, Promenade Camelot
Ottawa (Ontario) K1A 0Y9

Références

Charmley, L.L., et Trenholm, H.L. Mars 2000. A Review of Current Literature on Mycotoxins and Their Regulations. (Unpublished review for Canadian Food Inspection Agency, Government of Canada).

Charmley, L.L., Trenholm, H.L., et Prelusky, D.B. 1995. Mycotoxins: their origin, impact and importance: insights into common methods of control and elimination. In: Biotechnology in the Feed Industry, Proceedings of Alltech's Eleventh Annual Symposium. T.P. Lyons et K.A. Jacques (Eds) pages 41-63.

Charmley, L.L. et Prelusky, D.B. 1994. In: Mycotoxins in Grain. Compounds Other than Aflatoxin. Miller, J.D., et Trenholm, H.L. (Eds) Eagan Press, St. Paul, MN, USA pages 421-435.

Plant Products Division, National Feed Inspection Programs, 1996-1997 (1-3-93).

Trenholm et al., 1982. Vomitoxine et zéaralénone dans les aliments du bétail. Agriculture Canada, publication 1745F.

Trenholm et al., 1988. Réduction des mycotoxines dans les aliments destiné aux animaux. Agriculture Canada, publication 1827F.

Underhill, L. Fiche technique - Les mycotoxines. Programme d'inspection sur les mycotoxines. Septembre 1996.

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