Sélection de la langue

Recherche

Rapport d'enquête sur l'éclosion d'influenza aviaire en Colombie-Britannique, 2014
5. Sommaire des résultats et hypothèses de départ sur la source et la transmission de l'IADO

5.1. Source du virus

Les oiseaux aquatiques sont des vecteurs principaux bien connus de diverses souches de grippe aviaire. Un rapport récent de l'ACIA, intitulé Qualitative Risk Assessment of a Highly Pathogenic Avian Influenza Virus in Canada (Évaluation qualitative des risques liés à un virus de l'influenza aviaire hautement pathogène au Canada), a examiné de multiples sources potentielles du virus H5N2. Les données épidémiologiques actuelles suggèrent que les oiseaux migrateurs sauvages de la voie migratoire du Pacifique pourraient être le vecteur du nouveau virus d'IAHP H5N2 dans la vallée du Fraser. Cette hypothèse est appuyée par la détection, à la mi-décembre 2014, du virus H5N2 dans une opération non commerciale (LCNC-01) dont les oiseaux ont partagé un étang avec des oiseaux aquatiques sauvages. Par ailleurs, un canard pilet infecté du virus H5N2 a été trouvé en décembre 2014 dans le comté de Whatcom dans l'État de Washington, près de la frontière de la Colombie-Britannique. Un virus H5N2 similaire à celui responsable de l'éclosion en Colombie-Britannique a été détecté dans des opérations non commerciales des États de Washington (2014 et 2015) et de l'Oregon 2015. On a également signalé le virus dans des oiseaux migrateurs sauvages et des oiseaux sauvages captifs de plusieurs autres États de l'Ouest américain en 2014 et 2015.

En janvier 2015, un virus d'IAHP de type H5N1 et d'origine eurasienne/nord-américaine a de nouveau été détecté dans l'État de Washington. Le même virus a été retrouvé le 7 février 2015 dans une opération non commerciale en Colombie-Britannique. À l'automne, dans la vallée du Fraser, des dizaines de milliers d'oiseaux aquatiques migrateurs se reposent sur les terres agricoles de la région avant de poursuivre leur route vers le sud. Cette période de la migration d'automne coïncide généralement avec une pluie abondante, ce qui était le cas en 2014. De plus, le mois de décembre était plus doux et plus pluvieux qu'en moyenne – des conditions propices à ce que beaucoup d'oiseaux migrateurs sauvages s'attardent dans la région. Plusieurs des exploitations infectées ont noté de l'eau stagnante et un grand nombre d'oiseaux aquatiques dans leurs champs.

5.2. Propagation secondaire

Les oiseaux aquatiques répandent le virus dans leur environnement par l'entremise de leurs excréments. La probabilité d'exposition de la volaille élevée à l'intérieur à des oiseaux aquatiques migrateurs dépend de plusieurs facteurs, dont la densité de la population de volaille dans la zone touchée, la force des mesures de biosécurité, le niveau et la fréquence du contact entre les employés de l'exploitation et les oiseaux, et la proximité de la volaille avec les voies migratoires des oiseaux sauvages. Bien que les systèmes de production avicole du Canada soient conçus pour réduire, voire prévenir le contact entre les oiseaux sauvages et la volaille commerciale, il demeure une possibilité que le virus se propage de l'environnement à l'élevage en cas d'infraction à la biosécurité.

Lorsqu'une grange avicole est infectée de l'IAHP, la charge virale produite par des milliers d'oiseaux infectés rend beaucoup plus difficile de contrôler la propagation au sein d'une exploitation et d'une exploitation à l'autre. Or, dans le cas de cette éclosion, la propagation localisée du virus a été très faible. La plupart des nouvelles exploitations infectées se trouvaient à une grande distance l'une de l'autre, même dans les secteurs à densité élevée. L'introduction de programmes de biosécurité obligatoires dans l'industrie avicole en semble au moins partiellement responsable. L'ACIA est également au moins deux fois plus rapide qu'elle ne l'était en 2004 lorsqu'il s'agit de détecter la maladie, d'abattre les oiseaux et d'éliminer les carcasses infectées; les pratiques de surveillance limitent de plus la circulation sur l'exploitation. Lors de l'éclosion, ces facteurs ont probablement contribué à réduire la transmission locale de la maladie dans les environs des lieux contaminés de la vallée du Fraser.

5.3. Épidémiologie sur le terrain – Sommaire des résultats

Sept des onze exploitations commerciales infectées au cours des trois premières semaines de décembre étaient des installations de reproducteurs de poulets à griller. Il semble que deux exploitations aient été infectées par le transfert d'animaux de reproduction (de jeunes mâles) du LC1 au LC3 et au LC4, durant la période infectieuse du LC1. Les renseignements sur les fournisseurs de services indiquent que la contamination du LC6 par le LC5 est probablement attribuée au partage de personnel de capture entre les deux installations et que celui-ci n'aurait pas appliqué les mesures de biosécurité adéquates avant de se rendre au LC6. On n'a relevé aucun autre lien entre les LC pouvant expliquer la propagation du virus par contact direct ou indirect.

Un examen de l'enquête épidémiologique préliminaire sur le terrain a mené à la formulation de trois hypothèses relatives aux méthodes d'introduction et de propagation du virus de l'IAHP lors de cette éclosion :

  1. Il y a eu au moins quatre introductions primaires indépendantes du virus de l'IAHP dans des exploitations commerciales (LC1, LC2, LC 5 et LC9). Cette hypothèse est corroborée par la distance séparant les exploitations (au moins 10 km entre chacune) et par l'absence apparente de liens épidémiologiques entre elles.
  2. Chacune de ces infections à la source a entraîné une propagation locale limitée, avec des atteintes possibles à la biosécurité; parmi les facteurs de risque majeurs, citons la présence de rongeurs et le contact avec des lieux contaminés et des oiseaux sauvages.
  3. La propagation secondaire du virus entre les exploitations pourrait être attribuée à la densité élevée d'exploitations dans cette région, et à la proximité d'oiseaux aquatiques sauvages. Des contacts locaux entre les personnes, les véhicules, les machines, la vermine et les particules de poussière pourraient en être responsables.

Figure 4 – Propagation hypothétique de l'IAHP parmi les exploitations commerciales lors de l'éclosion de 2014 en Colombie-Britannique, d'après l'analyse des données épidémiologiques prélevées sur le terrain. Les LC en gras sont les lieux d'infection à la source potentiels.

Photo - Propagation hypothétique de l'influenza aviaire hautement pathogène parmi les exploitations commerciales lors de l'éclosion de 2014 en Colombie-Britannique, d'après l'analyse des données épidémiologiques prélevées sur le terrain. Les lieu contaminé en gras sont les lieux d'infection à la source potentiels. Description ci-dessous.
Description de la photo - Propagation hypothétique de l'IAHP parmi les exploitations commerciales lors de l'éclosion de 2014 en Colombie-Britannique, d'après l'analyse des données épidémiologiques prélevées sur le terrain. Les LC en gras sont les lieux d'infection à la source potentiels.

Le diagramme montre les liens hypothétiques qui ont pu être tracés à l'issue de l'enquête épidémiologique entre différentes fermes qui ont été infectées lors de l'éclosion.

Sur le diagramme, la ferme IP1 produit des poulets à griller et est inscrite en gras. Deux flèches pleines pointent d'IP1 vers IP3 et IP4, ce qui représente des liens confirmés vers ces deux fermes de poulets à griller. L'utilisation de caractères en gras pour IP1 signifie que cette ferme infectée est considérée comme une source d'introduction ponctuelle. On croit que les fermes IP3 et IP4 ont été infectées par le transport d'oiseaux vivants.

À droite, la ferme d'élevage de dindons IP2 est aussi inscrite en gras, ce qui indique une autre source d'introduction ponctuelle. Deux flèches en pointillé pointent d'IP2 vers IP7 et IP8, deux fermes de poulets à griller. Les flèches en pointillé représentent des liens soupçonnés et l'image mentionne une propagation locale ou une contamination environnementale à partir d'IP2.

En bas d'IP1, se trouve la ferme d'élevage de dindons IP5, aussi inscrite en gras, ce qui représente une source d'introduction ponctuelle. Une flèche solide pointant d'IP5 vers IP6 (autre ferme de dindons) représente une propagation par une équipe commune de capture d'oiseaux et la proximité immédiate des deux fermes (voie d'accès partagée).

Les flèches en pointillé pointent d'IP5 et d'IP6 vers IP10 et représentent un lien soupçonné de propagation aérienne ou locale. La ferme IP10 produit des œufs de consommation. Une autre flèche en pointillé pointe d'IP10 vers la ferme de poulets à griller IP11 et représente une propagation locale ou environnementale.

Enfin, en bas à droite, se trouve IP9 en gras, indication d'une source d'introduction ponctuelle. Aucun lien n'est établi avec d'autres fermes infectées.

Les enquêtes épidémiologiques sur le terrain réalisées après le 16 décembre n'ont relevé aucun lien entre les LC. Les travailleurs agricoles des LC commerciaux ne possédaient pas d'oiseaux ou ne travaillaient pas dans d'autres exploitations avicoles commerciales. Il n'y a aucun lien de contact indirect entre les deux secteurs, ni de déplacement d'oiseaux d'un LC commercial à un LC non commercial.

5.4. Enquête sur la propagation aérienne – Sommaire des résultats

On soupçonne que la propagation aérienne a été un mode de transmission majeur durant l'éclosion d'IAHP de 2004 en Colombie-Britannique (Power, 2005). Une enquête épidémiologique sur cette hypothèse a été effectuée, en tenant compte des facteurs de risque tels que la vitesse et la direction du vent, la quantité de précipitations, et l'emplacement des exploitations par rapport à un LC (à des distances de 1,5 km et de 3 km). L'enquête n'a relevé aucun signe laissant croire que la propagation aérienne ait contribué à propager la maladie lors de cette éclosion.

La probabilité de propagation aérienne durant certains des abattages intégraux a également été évaluée selon la méthodologie ci-dessus, mais uniquement pour la période où les abattages ont eu lieu. On a estimé comme étant faible à très faible la probabilité que des abattages intégraux soient responsables d'une contamination.

5.5. Séquencement du virus et analyse phylogénétique – Sommaire des résultats

Le génome complet des spécimens originaux et des virus isolés de ces spécimens a été effectué pour toutes les exploitations infectées. Le séquencement n'a relevé aucun changement notable attribuable au repiquage dans des embryons de poulet.

Le séquencement du virus a relevé une homologie très élevée entre les LC. De plus, il y a des signes que cette souche circulait parmi la population d'oiseaux sauvages en tant que souche hautement pathogène bien adaptée, plutôt qu'une souche faiblement pathogène ayant muté en une souche hautement pathogène.

5.6. Surveillance des oiseaux sauvages – Sommaire des résultats

En partenariat avec le Service canadien de la faune (SCF) et le BCMAGRI-Centre, le plan d'enquête sur la mortalité des oiseaux sauvages de la Colombie-Britannique a établi une infrastructure de déclaration publique, de tri et de collecte d'oiseaux sauvages morts. Pour contribuer au programme, des espèces cibles (oiseaux aquatiques, oiseaux de proie, hérons) ont été définies, et des entrepreneurs privés ont été embauchés pour faire la collecte des carcasses sur le terrain. Les producteurs avicoles de la vallée du Fraser ont été encouragés à envoyer les oiseaux sauvages trouvés morts à proximité des granges aux fins d'analyses. Du 1er décembre 2014 au 18 février 2015, 125 oiseaux sauvages de la vallée du Fraser ont été soumis à une épreuve RRT-PCR de dépistage de l'influenza aviaire, et les échantillons positifs ont été analysés pour déterminer s'ils contenaient les types H5 et H7. Toutes les détections positives ont été transmises au CNMAE pour une caractérisation plus approfondie. Parmi les échantillons analysés, le H5N8 a été détecté une fois, dans un oiseau sauvage (un canard).

Date de modification :