Aflatoxines dans le chocolat, la poudre de cacao, les aliments céréaliers, les noix et produits de noix, les épices et le vin –1er avril 2014 au 31 mars 2015

L'ACIA utilise les études ciblées pour concentrer ses activités de surveillance dans les domaines à risque sanitaire plus élevé. Les informations tirées des études ciblées sont utilisées pour orienter et prioriser les activités de l'agence dans les secteurs alimentaires les plus préoccupants. À l'origine, les études ciblées étaient des projets s'inscrivant dans le cadre du Plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires (PAASPA), mais depuis 2013, elles ont été intégrées aux activités de surveillance régulières de l'ACIA. Elles constituent un outil précieux pour obtenir des informations sur les dangers posés par certains aliments, cerner ou caractériser des dangers nouveaux ou émergents, recueillir les informations nécessaires à l'analyse de tendances, réaliser ou peaufiner des évaluations des risques pour la santé humaine, mettre en évidence d'éventuels problèmes de contamination ainsi qu'évaluer et promouvoir la conformité aux règlements canadiens.

La salubrité des aliments est une responsabilité commune. Nous collaborons avec les administrations fédérales, provinciales, territoriales et municipales et assurons la surveillance réglementaire de l'industrie alimentaire afin de promouvoir la manipulation sécuritaire des aliments tout au long de la chaîne de production alimentaire. L'industrie alimentaire et le secteur du détail au Canada sont responsables des aliments produits et vendus, tandis qu'il appartient aux consommateurs de manipuler d'une manière sûre les aliments en leur possession.

Les aflatoxines sont des mycotoxines d'origine naturelle produites par des champignons Aspergillus^Footnote 1. Les 4 principales aflatoxines sont AFB1, AFG1, AFB2 et AFG2. L'aflatoxine B1 est la plus commune et constitue la forme d'aflatoxine la plus toxique^Footnote 2. L'exposition à court terme à des concentrations très élevées d'aflatoxines peut causer des vomissements, des douleurs abdominales et la mort^Footnote 2. L'exposition à long terme à des concentrations plus élevées d'aflatoxines, surtout la forme AFB1, a été associée au cancer du foie et à des maladies du foie ainsi qu'à une croissance inadéquate chez les enfants^Footnote 2. Il faut noter que l'exposition à des concentrations très élevées d'aflatoxines est très rare dans les pays développés.

On peut trouver des aflatoxines dans des aliments tels que les noix et les produits de noix, les épices, le riz, les aliments déshydratés, les céréales et les fèves de cacao^Footnote 1. Durant la croissance et la récolte des plantes, les conditions chaudes et humides de même que les organismes nuisibles peuvent favoriser le développement de moisissures entraînant la contamination par des aflatoxines^Footnote 1. La principale source d'exposition aux aflatoxines chez les humains est la consommation d'aliments contaminés, ingérés directement ou sous forme d'ingrédients^Footnote 2. La présente étude donne un aperçu des concentrations trouvées dans des produits alimentaires vendus au Canada.

Divers produits d'origine canadienne et importés des catégories suivantes ont été échantillonnés : chocolat, poudre de cacao, produits céréaliers, noix et produits de noix, épices et vin. Les produits ont été échantillonnés du 1er avril 2014 au 31 mars 2015. Des échantillons de produits ont été collectés dans des magasins de détail locaux et régionaux de 6 grandes villes canadiennes. Ces villes sont situées dans 4 régions géographiques canadiennes :

• Atlantique (Halifax)
• Québec (Montreal)
• Ontario (Toronto, Ottawa)
• Ouest (Calgary, Vancouver)

Le nombre d'échantillons recueillis dans chaque ville était proportionnel à la population relative des régions respectives. Les échantillons avaient été importés de 36 pays.

Tous les échantillons ont été analysés par des laboratoires d'analyse des aliments accrédités selon la norme ISO/CEI 17025. Les échantillons ont été soumis à des analyses ciblant les aflatoxines totales (somme de AFB1, AFG1, AFB2 et AFG2). Les échantillons ont été analysés tels quels, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas été préparés selon les directives figurant sur l'emballage.

Au Canada, il n'existe aucune limite réglementaire en ce qui concerne les concentrations d'aflatoxines dans la plupart des catégories de produits visés par l'étude, mais Santé Canada a établie à 15 ppM la concentration maximale (CM) d'aflatoxines totales dans les noix et produits de noix. Tous les résultats relatifs aux aflatoxines sont examinés par le Bureau d'innocuité des produits chimiques de Santé Canada, qui détermine si les concentrations mesurées sont nocives pour les consommateurs. Les concentrations observées dans la présente étude ont été considérées comme sans danger pour les consommateurs canadiens, et aucun rappel de produits n'a été requis.

Au total, 1 300 échantillons ont été analysés, et 1 274 (98 %) ne contenaient aucune concentration mesurable d'aflatoxines. Les concentrations d'aflatoxines dans les autres produits allaient de 1,0 ppM à 24 ppM, comme l'indique le tableau 2. Aucune aflatoxine n'a pas été détectée dans les échantillons de chocolat, de produits de cacao et de vin. Les concentrations moyennes d'aflatoxines les plus élevées étaient associées aux aliments céréaliers, et les plus faibles, aux épices.

Parmi les 1 300 produits analysés, 1 171 étaient issus de l'agriculture conventionnelle, et 129 portaient la mention « biologique » sur leur étiquette. Les taux de détection étaient de 2,0 % dans les produits conventionnels, et de 1,6 % dans les produits biologiques. Dans le cas des produits conventionnels, les concentrations allaient de 1,0 ppM à 24 ppM, pour une concentration moyenne de 5,5 ppM. Dans le cas des produits biologiques, les concentrations allaient de 3,4 ppM à 9,0 ppM, pour une concentration moyenne de 6,6 ppM. Les résultats d'analyse détaillés sont présentés à l'annexe A.

Chocolat, poudre de cacao et vin

Aucun des échantillons de chocolat, de poudre de cacao et de vin ne contenait de concentrations mesurables d'aflatoxines. Les différents types d'échantillons analysés sont décrits au tableau 1.

Aliments céréaliers

Neuf types de produits ont été analysés. Aucune aflatoxine n'a été détectée dans les échantillons de pains/produits de boulangerie (bagels, muffins anglais, pains pita, naan, tortillas, brioches, crumpets), les céréales à petit déjeuner destinées aux adultes, les céréales pour nourrissons, les grains d'avoine et le gruau. Seulement 2 échantillons de céréales à petit déjeuner destinées aux enfants présentaient des concentrations mesurables d'aflatoxines; dans les deux cas, le maïs était l'ingrédient principal. Ces résultats sont cohérents avec ceux des études antérieures.

Noix et produits de noix

La présente étude comprenait 11 types de noix et 5 types de beurres de noix. Aucune aflatoxine n'a été détectée dans 9 types de noix (amandes, noix de cajou, châtaignes, noisettes/avelines, noix de macadamia, arachides, noix de pin, pistaches et noix de Grenoble), de même que dans 1 type de beurre de noix (beurre de noix de cajou).

Au total, 10 échantillons de noix et de beurres de noix présentaient des concentrations mesurables d'aflatoxines :

• 3 échantillons de beurre d'amandes (2,2, 4,2 et 4,5 ppM)
• 2 échantillons de beurre d'arachides (1,4 et 2,8 ppM)
• 1 échantillon de noix du Brésil (8,3 ppM)
• 1 échantillon de pacanes (12 ppM)
• 1 échantillon de mélange d'amandes et de noisettes (1,3 ppM)
• 1 échantillon de beurre de noisettes (2,0 ppM)

Toutes les noix et tous les beurres de noix analysés durant la présente étude étaient conformes (conformité de 100 %) avec la CM de 15 ppM établie par Santé Canada. Il n'y a aucun risque pour la santé associée à la consommation de ces produits.

Épices

L'étude comprenait 23 types d'épices. Aucune aflatoxine n'a été détectée dans 17 types d'épices (piment de Jamaïque, anis, graines de carvi, graines de céleri, cannelle, clou de girofle, coriandre, cumin, fenouil, fenugrec/methi, gingembre, macis, graines de moutarde, poivre noir, mélange d'épices, épices – autres, ou anis étoilé). Des aflatoxines ont été détectées dans :

• 5 échantillons de muscade (4,1, 10, 10,5, 13,1 et 24 ppM)
• 4 échantillons de paprika (1,2, 2,3, 2,6 et 8,4 ppM)
• 2 échantillons de poivre de cayenne/piment fort (1,4 et 2,4 ppM)
• 2 échantillons de curcuma (2,7 et 5,5 ppM)
• 1 échantillon de cardamome (9.9 ppM)
• 1 échantillon de poudre de cari (1,0 ppM).

Les aflatoxines peuvent contaminer les aliments au champ et en cours d'entreposage; les échantillons ont été prélevés chez des détaillants, de sorte qu'aucune information n'a pu être recueillie sur les concentrations d'aflatoxines des matières brutes nouvellement récoltées ou les conditions d'entreposage. Des fongicides peuvent être utilisés pour prévenir l'apparition de moisissure; aucune information n'était accessible sur les fongicides synthétiques ou naturels qui auraient pu être utilisés pour traiter les échantillons.

Les résultats de la présente étude ont été comparés à ceux d'autres études ciblées publiées antérieurement par l'ACIA^{Footnote 3Footnote 4Footnote 5Footnote 6} et dans la littérature scientifique^{Footnote 7Footnote 8Footnote 9}. La comparaison de l'ensemble de ces résultats montre que les taux de détection, les concentrations maximales observées et les concentrations moyennes de la présente étude sont inférieurs ou semblables aux valeurs rapportées ailleurs pour tous les types de produits, sauf pour ce qui est de la concentration moyenne d'aflatoxines dans les aliments céréaliers. Cette différence est probablement attribuable à la limite de détection, qui était dix fois plus sensible dans l'étude de 2010-2012 que dans celles de 2012 et 2013.

Selon les résultats de l'étude de l'ACIA, le chocolat, la poudre de cacao, les aliments céréaliers, les noix et produits de noix, les épices et le vin sont sans danger pour la consommation humaine. Aucun rappel n'a résulté de la présente étude.